André Silva, Bernardo Silva, Gelson Martins...: voici les nouveaux lieutenants de Ronaldo
- Publié le 02-06-2018 à 16h05
- Mis à jour le 02-06-2018 à 16h07
Gros plan sur la nouvelle vague portugaise qui va pallier l’absence du crack. Comment faire sans lui ? Puisque Cristiano Ronaldo ne fêtera pas sa 150e sélection ce samedi soir au Heysel, Fernando Santos va devoir composer sans le crack dont l’importance considérable se mesure au travers de ce chiffre : sur les 32 buts marqués par les champions d’Europe lors des éliminatoires, leur capitaine en a inscrit 15, avec en bonus 3 passes décisives, soit un taux d’implication direct de plus de 56 %.
Mais l’époque où toute l’animation offensive de la Seleçao reposait uniquement et intégralement sur les larges épaules de CR7 est révolue : plusieurs talents ont éclos depuis l’Euro et Santos a même dû faire des choix, se passant du vétéran Nani dont le prêt à la Lazio Rome a été très mitigé (3 buts et 4 passes décisives en 25 apparitions) ou encore de Rony Lopes, 22 ans, qui a fini très fort à Monaco (15 buts et 12 passes décisives en 49 matches). Présentation des nouveaux lieutenants qui vont se confronter aux Diables.
Bernardo Silva, l'atypique
Bernardo Silva cultive ses différences. À raison
"Tous les joueurs sont différents. Moi, je suis un garçon tranquille. J’ai juste l’impression de vivre une vie normale".
Quand So Foot l’a questionné l’an passé sur son étonnante normalité dans un monde qui ne l’est pas, Bernardo Silva (23 ans) a livré cette réponse désarçonnante. Le gaucher navigue à contre-courant des clichés inhérents à sa profession.
Les grosses voitures ? Il roule en Smart. Le football comme un ascenseur social ? Pas pour ce fils de bonne famille qui ne jure que par le plaisir du jeu et cette volonté de rester connecté à la réalité qui l’a mené à poursuivre ses études et à fréquenter la fac de lettres de Lisbonne.
Son gabarit modeste (1,73 m; 65 kg) ? "Sur un terrain, tout est une question de timing", répondait-il toujours à So Foot. Omettant d’ajouter que cette variable s’invitait aussi en dehors. Quand Jorge Jesus souhaite faire de cet enfant de Benfica un latéral gauche à l’été 2014, Silva, 20 ans à l’époque, quitte la réserve lisboète pour Monaco.
L’option d’achat de 15,75 millions d’euros adossée à son prêt intrigue. Cinq mois seulement, le temps que l’ASM ne finisse par la lever pour engager l’un des symboles de l’épopée européenne de la saison dernière. Que le club n’a pu conserver et qui a signé l’été à Manchester City contre 50 millions d’euros en suivant les conseils de Ro naldo et Nani.
"Quand j’étais à la Coupe des confédérations, je leur ai demandé comment était la ville, a-t-il expliqué dans FourFourTwo. Ils m’ont dit qu’ils avaient adoré, que les gens étaient super et que c’était excellent au niveau du football. Ils m’ont dit que ce serait un bon transfert pour moi."
Ce qui fut le cas : première alternative aux virevoltants Leroy Sané et Raheem Sterling sur les côtés, Silva a compilé 53 apparitions pour un temps de jeu moyen de 52 minutes, avec 9 buts et 11 passes décisives. De quoi asseoir son nouveau statut de titulaire en sélection (23 matches, 2 buts) où il est incontournable dans l’animation depuis la dernière Coupe des confédérations après avoir raté le dernier Euro pour une blessure à la cuisse.
Bruno Fernandes, l'Italien
Bruno Fernandes a parachevé sa formation en Serie A
Avec lui, le Sporting est susceptible de réaliser la plus grosse plus-value de son histoire. Acquis 9 millions d’euros l’an passé, Bruno Fernandes, milieu offensif aussi polyvalent que prometteur, possède à 23 ans une clause libératoire à 100 millions d’euros qui fait naître les convoitises après une saison brillante en championnat (33 matches, 11 buts et 10 passes décisives) comme en Ligue Europa (3 buts et 4 passes décisives en 6 matches).
L’Atletico Madrid, qui a croisé sa route sur la scène européenne, le suit de près, comme la majorité des gros clubs anglais, avec en tête de liste Tottenham, Chelsea et surtout Liverpool. La consécration d’un parcours atypique pour ce produit de Boavista qui, à 18 ans, contrairement à son compère de formation André Gomes, opte pour l’exil.
Direction Novara en 2012 pour une saison en Serie B avant d’y être remarqué par l’Udinese et de terminer son voyage initiatique dans la Botte par une escale à la Sampdoria en juin 2016, un an donc avant de rentrer au pays et au Sporting.
De quoi enrichir son bagage : "La formation portugaise est basée sur le ballon, c’est pour cela que nous sommes plus techniques et imprévisibles. En Italie, l’accent est plus mis sur la tactique. Avoir eu ces deux formations m’a rendu plus complet", explique dans Jornal Sporting ce milieu qui a enrichi son bagage technique d’une grosse carapace physique.
"En plus, il est aussi à l’aise dans une position que dans l’autre. Et avec son dribble, c’est le milieu le plus précieux du championnat", a clamé son entraîneur au Sporting Jorge Jesus au sujet d’un joueur (4 sélections) qui a été exempté de l’amical contre la Tunisie pour avoir disputé et perdu la finale de la Coupe avec une formation lisboète qu’il devrait quitter vu l’ambiance apocalyptique y régnant. Contre une jolie somme.
Gonçalo Guedes, le précoce
Prêté à Valence par le Paris SG, Gonçalo Guedes s’y est révélé, renouant le fil de ses promesses semées à Benfica
Reculer pour mieux sauter à nouveau. Et reprendre cette marche en avant qui fait de lui un modèle de précocité. Dans ce club des 5, Gonçalo Guedes (21 ans) apparaît comme le plus jeune. Comme celui qui s’est aussi fait remarquer le premier.
Ce pur produit de la formation made in Benfica a connu le premier les honneurs des A lors d’un automne 2015 en pente douce.
Dans la foulée de son premier but en Ligue des Champions contre l’Atlético Madrid le 30 septembre qui en a fait, du haut de ses 18 ans et 305 jours, le plus jeune buteur portugais de l’histoire de la compétition, Guedes est convoqué chez les grands.
Mais entre ces deux premières sélections et la troisième en octobre dernier, près de deux ans vont s’écouler.
Ce joueur à vocation offensive ultra-polyvalent qui évolue de préférence en soutien des attaquants mais qui peut dépanner en pointe ou même en relayeur a simplement été victime d’un emballement soudain. À la surprise générale, en janvier 2017, il signe pour 30 millions au Paris SG où il doit se contenter de 13 apparitions seulement. Avant d’être prêté cette saison à Valence où il a flambé avec 5 buts et 11 passes décisives en Liga, au point d’être élu révélation de l’année au pays et d’être à nouveau convoqué en sélection.
Surnommé en Espagne Ducati par un préparateur physique valencian pour sa capacité d’accélération, Guedes s’impose comme un enjeu majeur du mercato parisien. Le Paris SG entend monnayer à sa juste valeur le Portugais et en espère 40 millions, de préférence avant le 30 juin pour calmer les foudres du fair-play financier. Sauf que le joueur a indiqué qu’il préférait attendre la Coupe du Monde pour décider de son avenir et que Valence piste aussi Thorgan Hazard.
André Silva, le complément idéal
André Silva s’est imposé aux côtés de Ronaldo
Qui aurait pu imaginer une telle suite ? Quand, en cette fin du mois d’août dernier, André Silva fête ses débuts avec l’AC Milan par un doublé contre les Albanais de Shkendija en éliminatoires de la Ligue Europa, la machine semble lancée. Dans la foulée d’une saison à 44 matches et 21 buts au FC Porto. Elle le sera, effectivement. Mais uniquement en Ligue Europa où il marquera six fois lors de la phase de groupes, seul Aritz Aduriz (Athletic Bilbao) faisant mieux. En Serie A, Silva ne fera trembler les filets que deux fois, Nikola Kalinic et Patrick Cutrone lui étant préférés.
Quand Vincenzo Montella l’a seulement titularisé quatre fois en championnat, Genarro Gattuso, devenu entraîneur, l’a taclé comme le joueur qu’il était. "Nous connaissons tous sa valeur", a-t-il lancé avant de résumer le problème : "Il marque toujours avec le Portugal mais quand il joue pour le Milan, il doit faire plus. Il doit lutter davantage. Quand tu portes le maillot du Milan, tu dois le respecter."
Silva n’aura peut-être plus à le faire puisque Monaco et Wolverhampton suivent de près cet avant-centre acheté 38 millions d’euros par les Lombards et qui, dès ses débuts dans la foulée de l’Euro, s’est imposé comme le complément idéal de Cristiano Ronaldo en pointe.
D’emblée séduit, le crack a lancé au sujet de son cadet (22 ans) : "Quand je prendrai ma retraite, le Portugal sera encore dans de bonnes mains car nous avons un merveilleux attaquant avec André Silva."
"J’ai toujours rêvé d’évoluer à ses côtés", lui a répondu l’attaquant qui s’est rapproché de son idole avec qui il partage le même agent. Et une efficacité certaine : depuis l’Euro, qu’il n’a pas disputé, Silva (21 sélections) n’a manqué que deux matches avec la Seleçao, faisant trembler les filets à 12 reprises. Soit seulement 8 de moins que CR7.
Gelson Martins, l'héritier
Gelson Martins est déjà comparé à un certain CR7
Il y a sans doute pire analogie. Ou meilleure niveau pression. Question de point de vue.
16 septembre 2016 : au lendemain de Real Madrid - Sporting, Gelson Martins fait la Une d’A Bola avec ce titre sans équivoque : "L’héritier". Ce soir-là, le talentueux ailier fait tourner en bourrique Marcelo et le Portugal s’enflamme pour cette nouvelle version de Cristiano Ronaldo.
Le président de Benfica, Domingos Estanislau, avait été le premier à tisser la comparaison : "Oui, ce sera le futur Ronaldo."
Le natif du Cap-Vert qui a rejoint ses parents dans la capitale portugaise à 8 ans a effectué ses débuts chez les Aigles avant de rejoindre le Sporting à ses 15 ans. Et il a formé cette saison un trio infernal avec Bas Dost et Bruno Fernandes (52 matches, treize buts et treize passes décisives).
Sa filiation avec CR7 se voit par son style : comme le crack à ses débuts, Martins possède ces qualités d’élimination et d’accélération qui en font un ailier redoutable, avec une préférence pour déborder par l’extérieur son opposant sur la droite, en utilisant très bien son corps.
Il présente aussi le même type de défauts, avec parfois un excès d’individualité qui peut énerver.
"Il va échouer plusieurs fois mais il a déjà atteint un niveau où il apporte beaucoup", synthétise Jorge Jesus qui l’a dirigé au Sporting. "De tous les jeunes avec qui j’ai travaillé, c’est le plus talentueux. Il va atteindre le très haut niveau." Martins (23 ans) l’a déjà tutoyé en sélection (six apparitions). Ce premier grand tournoi avec les A est de nature à faire monter les enchères autour de son avenir : lié au Sporting jusqu’en 2022, selon Record, sa clause libératoire est actuellement de 60 millions d’euros mais pourrait passer à 100 millions moyennant un bonus d’1,5 million pour un joueur suivi de très près par Dortmund et le Bayern.